LA FINANCE DURABLE à L’AVANT-SCèNE à MONTRéAL

Le secteur financier se réunira mardi et mercredi à Montréal pour un troisième sommet sur la finance durable au cours duquel les changements climatiques, la biodiversité et la transition juste seront au menu des discussions.

« Ce sommet fait partie d’une stratégie ambitieuse que nous avons pour le Québec qui est de renforcer sa position comme pôle de la finance durable », explique Jacques Deforges, directeur général de Finance Montréal, qui organise l’événement en collaboration avec Fondaction, où sont attendues près de 500 personnes.

« Il faut dire que l’écosystème financier québécois a déjà un fort penchant pour la finance durable. On n’a qu’à penser au Mouvement Desjardins, qui est la plus grande coopérative financière en Amérique du Nord. Pensons aussi au Fonds de solidarité des travailleurs du Québec ou à Fondaction », explique-t-il.

Autre exemple : la création, l’été dernier, d’un Bureau des normes internationales d’information sur la durabilité (International Sustainability Standards Board, ou ISSB).

Jingdong Hua, vice-président de l’ISSB, sera d’ailleurs invité comme panéliste pour faire le point sur les avancées de son organisation, créée en 2021 durant la COP26 de Glasgow et chargée d’élaborer un cadre international de standards de développement durable.

Les versions finales de deux premiers critères seront dévoilées en juin, prévient-il.

Harmoniser les rapports de divulgation

« C’est devenu urgent de faire converger toutes les normes et tous les standards en un langage unique de la durabilité pour rendre les marchés transparents, redevables et plus efficaces », dit M. Hua en entrevue au Devoir.

Durant les 20 à 30 dernières années, avec l’intérêt croissant qu’ont connu les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), les normes de divulgation volontaire se sont multipliées, rappelle-t-il.

« Pour l’anecdote, le responsable des objectifs de durabilité d’une grande compagnie nord-américaine m’a déjà dit que, parce qu’ils ont des activités à l’international, ils doivent désormais faire des rapports selon plusieurs centaines d’exigences de déclarations différentes », relate M. Hua.

En harmonisant les standards, l’ISSB veut simplifier la divulgation des entreprises, tout en permettant d’éviter la confusion auprès des investisseurs.

« Il y a plus de vingt ans, chaque pays avait des standards de comptabilité différents, donc un investisseur qui regardait les rapports de deux compagnies — disons une au Brésil, l’autre en Inde — ne pouvait pas savoir s’il comparait des pommes avec des pommes. C’est pour cette raison qu’est né le Bureau international des normes comptables, qui a créé un langage uniformisé qui est aujourd’hui utilisé dans plus de 140 pays. Et c’est de cette démarche qu’on s’inspire aujourd’hui pour harmoniser les normes de durabilité », résume M. Hua.

Pour le moment, les standards harmonisés seront appliqués selon une base volontaire. « Chaque pays a son propre calendrier. Mais on encourage ceux qui sont prêts à rendre les standards obligatoires à le faire, et on espère que le Canada sera l’un des premiers à faire ce choix », dit M. Hua.

D’ici la fin du mois de juin, en parallèle avec la publication des premiers standards de l’ISSB, un Bureau des normes canadiennes d’information sur la durabilité (Canadian Sustainability Standards Board ou CSSB) « opérationnel » doit voir le jour, prévient par ailleurs Lisa French, vice-présidente à l’organisation des Normes d’information financière et de certification Canada (NIFC).

Le CSSB servira à soutenir l’adoption des normes ISSB au Canada.

Mark Carney, ex-numéro un de la Banque du Canada et aujourd’hui coprésident de l’Alliance financière pour zéro émission nette, la « Glasgow Financial Alliance for Net Zero » (GFANZ), sera également présent à titre de panéliste.

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